cailloux n°74 : the sound of the sun
L'artiste et chansigneuse Christine Sun Kim a réalisé une vidéo pleine de poésie sur le sous-titrage pour les personnes sourdes et malentendantes, souvent assez pauvre lorsqu'on sort de l'expression verbale.
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“[As] a translator, your first obligation should be to give readers the sense of pleasure you had while reading (the original text). Of course, every translation to some extent is a mistranslation, but it’s a more serious type of mistranslation if the sense of pleasure is missing.”
Motoyuki Shibata qui traduit de l'anglais vers le japonais soutient que la traduction doit rester fidèle au plaisir ressenti à la lecture du texte dans sa version originale.
Cette nécessité de traduire quelque chose de la sensorialité dans le processus – d’écriture, de lecture – me rappelle le travail d’Hiromitsu Koiso. Le traducteur vers le japonais de Open City de Teju Cole était venu à New York afin de “walk through the book”, c’est-à-dire suivre les pas de Julius, le personnage principal, qui arpente la ville tout au long des 21 chapitres.
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“La traduction pourrait-elle permettre de faire évoluer la langue française? Noémie Grunenwald et Corinne Oster mettent en garde sur l’idéalisation d’une langue anglaise qui serait parfaitement fluide ou neutre. […] Toutes les langues sont réductrices, ajoute Marguerite Capelle, dans la mesure où le langage crée des catégories qui permettent de penser le monde et de partager ce système de pensée.”
Je profite de cet article de Pauline Le Gall sur la fluidité de la langue anglaise pour dire encore mon amour du pronom personnel they singulier. Je l’utilise aussi souvent que possible, ainsi que le pronom personnel indéfini one, cousin·e chic de notre brave on.
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Et puis 4 épatantes propositions d'atelier d'écriture sur la liberté d'expression par Amélie Charcosset. Histoire de laisser les enfants (et peut-être même les adultes ?) penser le monde et le partager avec un peu plus subjectivité, un peu plus de souplesse, un peu plus de jeu, que ce qui est prescrit en ce moment.
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P.S. Les liens vers les articles d’Amia Srinivasan sur l'intelligence du poulpe et de David Graeber sur le jeu comme principe organisateur du monde physique manquaient à l’appel dans la dernière missive, désolée ! C’est maintenant corrigé sur la plateforme substack.
Cette newsletter approximativemensuelle est écrite par Alexia Chandon-Piazza. Elle est née de l'envie de garder une trace de mes lectures et de sortir de l’immédiateté des réseaux.
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